PAR AILLEURS… / Voyages

2003

Au Vietnam

Bénéficiaire d’une bourse de la Mission Stendhal dans l’objectif de préparer le roman qui deviendra L’Eau rouge, je passe deux mois au Vietnam pendant lesquels je rencontre l’écrivain Nguyen Hui Thiep, donne une conférence à la Bibliothèque Nationale du Vietnam devant un parcours de professeurs et d’écrivains. Je me rends dans plusieurs écoles de Saigon, le lycée Lê Quý Đôn, autrefois Chasseloup-Laubat, où je suis accueillie par les sourires de toute une foule joyeuse, entrainée par un professeur non moins souriant. Il s’agit d’étudiants qui apprennent le français dans des classes bilingues, une nouveauté qui assure l’excellence de l’enseignement. Marguerite Duras est toujours classée numéro 1, mais Jean Echenoz a également la cote. Puis je voyage une petite semaine en mobylette dans le delta du Mekong –  monsieur Poirier, consul de France, peut témoigner qu’il m’a prêté son casque de moto –  en compagnie d’une étudiante. Un lacis de canaux. Me voilà dans un village khmer au bord d’un arroyo. J’ai laissé mon étudiante et je dialogue avec les mains et les sourires. Les poules sont attachées avec une ficelle à un piquet. C’est le soir.  Au milieu du village, dans une sorte de petit  préau ouvert, un écran diffuse un film devant une assemblée d’enfants rieurs.  Une famille me nourrit et me couche. J’entends les cochons noirs non loin. Le lendemain un enfant  me conduit à un bateau qui me ramène à Ô Môn où je retrouve mon étudiante. A Can Tho, je m’assois sur un banc au pied de la statue d’Ho Chi Min et j’attends. Au bout d’un quart d’heure, un vieux monsieur vient s’asseoir à côté de moi. Il avait vingt ans quand je suis née et il parle français. Je pense à tout ce qu’il a traversé, ces années de guerre. Mais il est tellement content de parler français …