PAR AILLEURS… / Voyages
2004, 2010
En Roumanie
Un lien privilégié m’unit à la Roumanie et notamment à la ville de Cluj-Napoca, par l’intermédiaire de son université Babes-Bolyai, qui m’a invitée une première fois en 2004 pour m’avoir élue « Goncourt roumain ». Dans un délicieux voyage, moitié touristique-moitié universitaire, j’ai été amenée à échanger avec les étudiants et étudiantes. Six ans plus tard, à l’initiative des professeures Yvonne Goga et Simona Jisa, l’université proposait un colloque intitulé « Pascale Roze : entre réalité et fiction », réunissant des professeurs et professeures de Roumanie, France, Suisse, Luxembourg, Allemagne, Etats-Unis et Japon ». Le colloque a donné lieu à une publication dont on peut lire la table des matières ici.
A l’issue du colloque, je rencontre le public des Instituts français de Cluj-Napoca, de Jassy et de Bucarest.
A Bucarest, l’attaché culturel a prévu un atelier d’écriture dans une prison de la ville. Devant mon étonnement, il me rassure : je rencontrerai des hommes qui ont appris à parler français dans les rues de France, arrêtés et renvoyés en Roumanie du fait de leurs infractions. Ils m’offrent le plus surprenant atelier que j’ai jamais fait.
La même année, le très sympathique Bernard Houliat, alors directeur de l’Institut français de Cluj-Napoca, me propose de m’aider à me rendre au camp de Rawa-Ruska en Ukraine où se situe une partie du roman sur lequel je suis en train de travailler, Aujourd’hui les coeurs se desserrent. Avec son épouse, nous partons en voiture depuis Cluj, traversons l’extraordinaire Maramurech, entrons en Ukraine et visitons Cernovitch, où Paul Celan naquit quand elle était roumaine, passons à Lviv (Lemberg à l’époque de mon roman) et arrivons aux restes de ce camp de représailles où les Allemands emprisonnèrent d’abord les soviétiques puis y reléguèrent les fortes têtes belges et françaises, les multirécidivistes de tentatives d’évasion. Il ne reste presque rien, un petit monument avec une plaque, une croix pour marquer l’endroit où sont rassemblés les ossements déterrés au gré des travaux, ou dans la forêt, terre de désolation. Nul ne peut dire s’ils sont russes, belges ou français.
En 2019, Simona Jisa poursuit son travail à mon propos avec la parution de Pascale Roze, Le Chasseur Zéro, Filiations impossibles.