PARCOURS / Lieux

Mer Méditerranée

Légende de la photo.
Photo Kyle Evans.

Mon enfance. Le soleil sur la mer, contemplation infinie, la beauté me rentre dans l’âme.  Et tout en même temps le signe que ma vie est bordée par ce qui n’est pas elle : cet immense espace où on ne peut pas marcher, ce tout autre, ce danger. Quand je me tenais sur la digue, les jours de beau temps comme les jours de tempête, mon éblouissement ne se départait pas du sentiment du danger.  Peut-être est-ce à cause de la mer que, toujours, enfant, la mort a rôdé autour de moi. La beauté ne m’était pas un refuge.  Mon père a beau être marin, je suis, moi, debout sur la côte. J’aime la côte. J’aime le port. Le port, c’est le bonheur, la vie. J’aime l’idée que la côte méditerranéenne en soit sertie. J’aime le monde en réduction que représente le bassin méditerranéen, si riche d’histoire. Je savais qu’il pouvait être un tombeau pour les marins. Je savais qu’entre mort et port il n’y a qu’une lettre d’écart. Entre mer et mort, un seul son. Mais je n’imaginais pas qu’il serait le tombeau cruel de tout un peuple de migrants, tandis que moi, j’aurais mon confortable refuge. Jusqu’à écrire un des textes qui m’est cher, une nouvelle de mon recueil Passage de l’amour intitulée « En mer », récit du miracle de la survie.

Il y a très peu de place pour la mer dans mes livres. Dans mon premier roman, Le Chasseur Zéro, je fais dire à la narratrice que son père et le kamikaze «  se tiennent enlacés dans la mort, cramponnés l’un à l’autre au fond du Pacifique ».