PARCOURS / Auteurs et auteures phare

Anton Tchékhov

Devenu à la longue le plus chéri de mon panthéon, tant pour sa vie que pour son œuvre. Parce qu’il est drôle et bon (un médecin des pauvres), sûr de son art et humble.  Entre le drôle et le tragique, il n’est qu’une question de degrés. Pas d’autres issues à la servitude qui pèse sur le peuple russe qu’un appel, en de rares instants confusément présent, à une vie meilleure, appel qui retentit mais reste sans effet aussi bien pour l’homme ou la femme, le bourgeois ou le cocher, le paysan ou le professeur. Cet appel qui déchire le présent dans lequel nous sommes pris, il m’est arrivé de chercher à le saisir dans des livres, dans Itsik ou dans Lonely Child par exemple. Lorsqu’il peint le sort des enfants pauvres, Tchékhov se dépouille de sa drôlerie, comme dans L’envie de dormir où le lecteur a littéralement l’impression de tomber dans l’insondable malheur.