Critique
Des vies
Quelles nouvelles de l’amour ? Il va, il vient, il s’étiole ou repart, fragile ou vigoureux, répond Pascale Roze à travers les dix-huit variations de son recueil qui sonde les mystères de ce grand sentiment. Dix-huit textes qui peuvent être très courts, deux pages parfois comme un souffle, mais aussi de vraies nouvelles, vigoureuses, avec montée progressive de tension et chute. Dans la première, une femme descend l’échelle d’un bateau amarré en pleine mer, une nuit de lune. Elle imagine finir noyée lorsqu’elle ne pourra plus nager. Dans une autre, un homme attend le coup de téléphone qui lui indiquera que sa greffe du cœur va être possible. Un couple passe un week-end à Cabourg, un autre va fêter l’anniversaire de sa rencontre à la Comédie-Française. Une fillette trisomique récite une poésie, une autre fait sa première communion. On croise aussi dans ce recueil le petit-fils de l’empereur d’Indochine qui vit dans un studio à Ivry après avoir grandi à Dalat ou un vieil homme qui fait des kilomètres en train pour fleurir la tombe de sa femme de zinnias. Pascale Roze, Prix Goncourt 1996 pour Le Chasseur zéro, évoque les couples et les corps face à l’usure, à la maladie et à la perte. Rien n’est jamais désespéré dans ses histoires car ses personnages ne sont pas du genre à s’épancher bruyamment et s’activer vainement. Ils sont pudiques et élégants comme l’est l’écriture de l’auteur. Un recueil harmonieux.